ERIC VUILLARD, Goncourt 2017, à Libri Mondi

“Le récit, bref, percutant, narre surtout avec une impertinence virtuose qui va chercher du côté du cocasse, de l’absurde, pour rendre, enfin, toutes les diableries qui se cachent sous les képis.»
Le Point

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En 2017, le jury du Goncourt, pour la première fois depuis longtemps, n’a pas couronné une fiction. Mais un récit, magistral. L’Ordre du jour nous transporte dans l’Allemagne des années 30, aux côtés des hommes qui vont faire basculer le monde dans le chaos.

L’oeuvre d’Eric Vuillard n’a qu’un but, dévoiler « l’aspect poisseux des combinaisons et des impostures qui font l’Histoire ».

C’est ce sillon qu’il creuse, inlassablement, de Conquistadors (sur la chute de l’Empire Inca) à 14 juillet, (la Révolution française), en passant par Congo (sur la conquête coloniale) ou le somptueux Tristesse de la Terre (sur l’Ouest de Buffalo Bill).

A la rigueur et la précision que réclament un tel travail, Vuillard mêle une langue d’une grande pureté, émaillée de fulgurances de style. Le Goncourt, une fois n’est pas coutume, n’a pas récompensé un roman. C’est vrai. Mais il a récompensé un grand écrivain.

Sébastien Bonifay

couv' Vuillard

 

 

Extrait de l’Ordre du Jour:

Ils étaient vingt-quatre, près des arbres
morts de la rive, vingt-quatre pardessus
noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires
d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre
costumes trois pièces, et le même nombre
de pantalons à pinces avec un large ourlet.
Les ombres pénétrèrent le grand vestibule
du palais du président de l’Assemblée; mais
bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y
aura plus de président, et, dans quelques
années, il n’y aura même plus de Parlement,
seulement un amas de décombres fumants.

 

 

 

 

Bibliographie sélective :

Bois vert, poésies, Editions Leo Scheer, 2002

La bataille d’occident, Actes Sud, 2012

Tristesse de la terre, Actes Sud, 2014, Prix Joseph kessel

L’Ordre du jour, Actes Sud, 2017, Prix Goncourt