5 ANNÉES DE LIBRI MONDI 


Entretien avec Pierre Savelli, maire de Bastia, et Mattea Lacave, adjointe à la culture 

 

La Ville de Bastia est au côté de Libri Mondi depuis la première édition, en 2017. Et sans son soutien, les rencontres littéraires ne pourraient pas exister. A l’occasion du cinquième anniversaire, nous avons voulu faire un premier bilan de ce partenariat avec Pierre Savelli, le maire de Bastia, et Mattea Lacave, adjointe en charge de la culture.

 

Pourquoi la mairie de Bastia a-t-elle accepté de soutenir la création des rencontres Libri Mondi ?

Mattea Lacave : Cela nous a semblé être une vraie plus-value pour la politique de développement culturel de la ville. C’était une proposition particulière qui n’existait pas dans le paysage insulaire. Il y a beaucoup d’associations, et les médiathèques, qui œuvrent pour le développement de la littérature, et la promotion de la littérature corse. Mais ce profil était nouveau. Et puis, il y avait un autre argument de choix, c’était l’endroit. Les jardins du musée, c’était séduisant. On aimait l’idée de mettre le patrimoine de la ville à l’honneur.


Certains reprochent à Libri Mondi de laisser trop peu de place à la littérature corse. Qu’en pensez-vous ?

M.L. : La place de la création en Corse a été normalisée. Elle est naturelle, aujourd’hui. C’est un combat qui a été gagné. Bien sûr, la défense de nos droits culturels est toujours au centre de nos préoccupations, mais quand on respecte sa culture, on peut aussi sans danger s’ouvrir vers les autres. On n’a rien à craindre de l’extérieur, c’est un enrichissement mutuel.


Vous l’a-t-on reproché, en tant qu’élus nationalistes ?


Pierre Savelli
 : On peut le voir, de temps en temps, mais rarement, sur les réseaux sociaux. Peu importe. Ca ne s’appelle pas Libri Mondi, festival des auteurs corses. U vostru scopu, ce n’est pas de faire un salon du livre, et d’inviter mille auteurs. Vous invitez sept auteurs, vous faites des choix. Et vous avez l’entière liberté de les faire. Quand on fait venir Ellroy, c’est un vrai événement, ça arrivera une fois. Vous avez un carnet d’adresses d’une profondeur incroyable, on serait fous de ne pas en profiter. On ne va pas faire des quotas, deux auteurs italiens, un français, un irlandais, un indien… Je ne comprends même pas qu’on se pose encore de telles questions. Les livres qui me bouleversent, je ne cherche pas à connaître de quelle origine est leur auteur.


Plus largement, comment vous décririez la politique culturelle de la ville ?


M.L.
: On veut promouvoir la création, et impulser de la diversité. La programmation du théâtre, traditionnellement, c’est un peu le phare de l’action culturelle, mais il ne faut pas oublier tout ce que l’on fait autour. Ce qui nous tient à cœur, par exemple, c’est d’aller vers les publics éloignés. On s’est rendu compte dès 2014, à notre arrivée à la mairie, que la politique culturelle de l’époque s’adressait toujours au même public. On essaie de faire changer les choses, c’est pour cela par exemple que l’on vous a demandé, et que vous avez accepté bien volontiers, d’intégrer la médiathèque Barberine Duriani dans les rencontres Libri Mondi, ou de ne pas oublier les écoles, et les élèves, qui sont les consommateurs de culture de demain.


Quelle place, pour les associations, dans cette politique ?

M.L. :
On a la chance d’avoir beaucoup d’associations culturelles à Bastia. Et on croit beaucoup au partenariat. Elles sont une vraie plus-value pour la ville, et puis la puissance publique ne peut pas tout gérer. Ce n’est pas bon pour l’indépendance des choix, de mettre les associations sous tutelle ! On fait tout pour maintenir cet équilibre, pour travailler main dans la main avec les associations.

 

Pour finir, quel auteur aimeriez-vous voir à Libri Mondi dans les prochaines années ?
 
P.S. : Sébastian Barry. J’aime tout chez lui, son style, sa manière de raconter les histoires. Des jours sans fin est un livre formidable. Je l’ai fait lire à tout le monde à la mairie !

M.L : Ce sera difficile, parce qu’il se fait vieux, mais c’est Ismaïl Kadaré. J’adorerais le rencontrer et l’écouter parler de toute son œuvre, qui m’accompagne depuis longtemps.
Mattea Lacave, troisième adjointe, en charge de la Culture à la mairie de Bastia.
Pierre Savelli, maire de Bastia
Le public au rendez-vous aux jardins suspendus du Musée de la Ville pour Libri Mondi 2021.
Salle comble pour l'américain Lance Weller, enchanté par son séjour corse !