LEONARDO PADURA

Prix Princesse des Asturies des lettres 2015
VENDREDI 23 SEPTEMBRE / 18H - Museu di Bastia

Leonardo Padura fait partie des grands noms de la littérature mondiale. Né en 1955, cet ancien journaliste se lance dans l’écriture au début des années 1990 avec la création du personnage fétiche de Mario Conde. Une dizaine de livres met en scène ce policier, reconverti en enquêteur, pris au cœur d’intrigues majoritairement situées à La Havane. Par ses enquêtes criminelles habilement agencées afin de contourner la censure, le personnage lève le voile sur une société cubaine démystifiée.

Chevillée à sa plume, Cuba est au cœur de nombreux autres romans. Dans L’homme qui aimait les chiens l’auteur consacre 800 pages à Ramón Mercader, l’assassin de Léon Trotski. Son dernier ouvrage, Poussière dans le vent, dresse les portraits de huit amis confrontés aux transformations du monde et à leurs conséquences pour la vie sur l’île.
Abordant des thèmes universels, l’œuvre de Padura est largement reconnue à l’international, comme en témoigne l’obtention en 2015 du prestigieux Prix Princesse des Asturies.

Son nom est régulièrement cité pour le prix Nobel
de littérature. à l’inverse, il reste quasiment anonyme à Cuba. L’auteur a pourtant fait le choix
d’y rester, et d’en dénoncer les faux-semblants.

Ce qu'en dit la presse ...

« Le vent qui souffle dans ses romans n’est pas la brise molle
des œuvrettes d’un jour. »

Marianne

Bibliographie sélective

Cycle Les Quatre Saisons, Métailié, 1991-1999.
L’homme qui aimait les chiens, Métailié, 2009.
Hérétiques, Métailié, 2013.
Poussière dans le vent, Métailié, 2021.
L’eau de toutes parts, Métailié, 2022.

Photo © Ivan Giménez

ÉTIENNE KERN

Prix Goncourt du premier roman 2022
Samedi 24 septembre / 15H - Museu di Bastia

Un homme saute du 1er étage de la Tour Eiffel, le 4 février 1912. Et s’écrase au sol. Le costume parachute qu’il avait créé ne s’est pas ouvert. Les actualités Pathé ont filmé le drame. Plus d’un siècle plus tard, ces images ont été vues des millions de fois, sur Youtube. Entre le dernier clip à la mode et
une recette de cuisine… 

Pour beaucoup, c’est une mort grotesque. Voire risible. Une mort sans visage. Pour Étienne Kern, c’est la fin tragique d’un tailleur pour dames d’origine autrichienne, Franz Reichelt. Qui « a poussé l’aveuglement jusqu’au sublime ».

Etienne Kern, normalien et agrégé de lettres, avait 
signé plusieurs essais remarqués sur la littérature. Les Envolés est sa première oeuvre de fiction. Ce coup d’essai est un coup de maître, couronné du Goncourt du premier roman.

Kern, dont l’apparente sobriété du style ne donne que plus de force au propos, rend toute sa dignité à Franz Reichelt. Par touches impressionnistes, sans se livrer à l’exercice, parfois pesant, du roman historique, il trace dans Les Envolés le portrait de Reichelt, étranger à sa propre vie, mais également celui d’une époque d’effervescence créatrice, où
l’on préférait la mort au renoncement.

Ce qu'en dit la presse ...

“c’est un livre intime et particulièrement émouvant,
une pépite de la rentrée passée trop inaperçue.”.
 
RTL

Premier roman

Les envolés, Gallimard, 2022.

Photo © Francesca Mantovani

PASCAL FIORETTO

Samedi 24 septembre / 16H30 - Museu di Bastia

Il est le champion toutes catégories d’un genre, le pastiche, que certains réduisent un peu vite à un simple jeu littéraire. Le pastiche n’est pas la parodie.

Pour pasticher, il faut un talent d’orfèvre. Et puis, surtout, il faut être un vrai écrivain. Bien sûr, Pascal Fioretto souligne les tics, moque les travers, pointe du doigt les clichés usinés par les
auteurs qu’il pastiche. Et vous ne lirez plus jamais Marc Levy, Dan Brown (rien ne vous y oblige, notez bien), de la même manière après avoir ouvert Et si c’était niais ?, ou le Gay Vinci Code. Il en va de même, en 2019, avec Mélatonine, plus houellebecquien que nature.

Mais le pastiche vaut autant pour ce qu’il va nous apprendre sur le style de l’auteur pastiché que pour la qualité du texte final. Et au-delà de la jubilation qu’ils procurent, les livres de Pascal Fioretto sont un régal de lecture, d’une inventivité folle, d’une intelligence rafraîchissante, d’une érudition discrète.

Pascal Fioretto n’est pas du genre à faire de la moquerie son fonds de commerce. Ce serait un peu court. Il pastiche également les œuvres qu’il aime, comme L’Anomalie, d’Hervé le Tellier. Ce qui a valu cette phrase au prix Goncourt 2020 :
« Je peux désormais mourir : j’ai été pastiché ».

Ce qu'en dit la presse ...

« Il faudrait tout citer, tant abondent les trouvailles, les
cacheries, les passages désopilants.
 »
Pierre Jourde, Bibliobs

Bibliographie sélective

La joie du bonheur d’être heureux, Chiflet & Cie, 2008.

L’élégance du maigrichon,
Chiflet & Cie, 2009.

Moi, Pascal F.
,
Chiflet & Cie, 2011.

L’anomalie du train 006
, Herodios, 2021.

Photo © T.D

HERVÉ LE TELLIER

Prix Goncourt 2020
Samedi 24 septembre / 18H - Museu di Bastia

Plus d’un million d’exemplaires vendus. L’Anomalie, d’Hervé Le Tellier, est un tsunami littéraire. Depuis décembre 2020, le monde de l’édition et les journalistes multiplient les théories pour
tenter d’expliquer un triomphe aux proportions spectaculaires, signé par un auteur de 63 ans, jusque-là aussi remarquable que discret.

À Libri Mondi, plutôt que de compter les points, on préfère se réjouir que le Goncourt ait récompensé un roman aussi audacieux, poétique et addictif que L’Anomalie. Et plus encore, on veut croire que cet engouement aura incité les lectrices et les lecteurs à découvrir le reste de l’œuvre de Le Tellier.

Hervé Le Tellier est le président en exercice de l’Oulipo, un groupe littéraire qui a compté dans ses rangs Perec ou Queneau. Depuis une trentaine d’années, il a investi tous les champs littéraires, de la prose à la poésie en passant par le théâtre. En s’imposant, selon la tradition oulipienne, des contraintes d’écriture. Des contraintes qui obligent à sortir des chemins balisés et à écrire autrement.

La venue d’Hervé Le Tellier à Libri Mondi sera bien entendu l’occasion de revenir sur le phénomène L’Anomalie, mais également d’aborder une œuvre littéraire peu commune, sans barrières ni interdits.

Ce qu'en dit la presse ...

« Il y a beaucoup de mélancolie dans ce roman futuriste, d’humour dans cette fable hallucinée et de style dans cette sotie mordante. »
Le Monde

Bibliographie sélective

Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable, Le Castor Astral, 1998.
Encyclopaedia inutilis, Le Castor Astral, 2002.
Assez parlé d’amour, JC Lattès, 2009.
Moi et François Mitterrand, JC Lattès, 2016.

Photo © Francesca Mantovani

SÉVERINE CHEVALIER

Dimanche 25 septembre / 15H - Museu di Bastia

Si Séverine Chevalier ne semble pas se reconnaître dans la qualification de « roman social » attribuée parfois à ses textes, difficile de récuser celle de « roman noir » : noir parce qu’elle évoque des existences meurtries et solitaires, dans des villes de province qui, même si elles ne « suint[ent] pas le lugubre », sont loin d’être idylliques. Noir, parce que ses personnages se démènent dans un monde violent, si peu fait pour eux, où ils encaissent les hontes, ruminent les « haines rageuses » mais trouvent aussi quelques moments de répit dans la solidarité, l’amitié ou l’amour. Et il y a ce rapport singulier à la terre, à la nature, seul rempart, peut-être, contre la violence sociale. Sans oublier le regard de l’enfant, toujours présent.

Dans son dernier roman, Jeannette et le Crocodile, Blandine, alcoolique, vit avec sa fille Jeannette dans une petite ville thermale sur le déclin. Une vie qui n’est pas idéale mais elles luttent, s’accrochent … jusqu’à l’arrivée de Dirck où tout va se mettre à dysfonctionner ; mais le petit animal sauvage qu’est Jeannette ne se laissera pas faire.

Il faut se laisser porter par l’écriture si singulière de Séverine Chevalier pour en apprécier toutes les variations, la justesse et la beauté sensorielle.

Ce qu'en dit la presse ...

« Séverine Chevalier, c’est une plume qui vole très haut
dans le roman noir
».
Elise Lépine dans « Mauvais Genres », France Culture

Bibliographie sélective

Recluses, Ecorce, 2011.
Clouer l’Ouest,
La Manufacture de Livres, 2014.
Les Mauvaises,
La Manufacture de Livres, 2018.
Jeannette et le Crocodile,
La Manufacture de Livres, 2022.

Photo © Cyril Herrynb

Mahamat-Saleh Haroun

Dimanche 25 septembre / 16H30 - Museu di Bastia

Eric Moussambani. On ne se souvient pas de son nom, mais on se rappelle tous de son 100 mètres aux J.O. de Sydney en 2000. Le jeune équato-guinéen, qui n’avait de nageur que le nom, a péniblement terminé son épreuve, sous le regard mi-apitoyé, mi-goguenard du monde entier.

Mahamat-Saleh Haroun s’est inspiré de cette histoire pour Les Culs-reptiles. On reconnaît Moussambani en Bourma, le héros d’Haroun, qui va accomplir sensiblement le même parcours. Et l’on devine chez l’auteur le désir de redonner toute sa dignité à ce sportif d’un jour.

Au-delà, c’est le portrait amer d’un continent africain en proie à ses démons, condamné à reproduire sans cesse les mêmes erreurs, que dessine Haroun. Un continent où les gouvernants contemplent d’un oeil distrait la jeunesse, les culs-reptiles du titre, s’enfoncer dans l’apathie et le désespoir. Mahamat-
Saleh Haroun sait de quoi il parle. Réalisateur célébré dans le monde entier, et récompensé à Cannes et à la Mostra de Venise, il a été nommé ministre de la Culture au Tchad en 2017. Il a démissionné un an plus tard.

Avec Les Culs-reptiles, cet artiste aux multiples talents signe un roman aussi drôle que bouleversant. Une fable d’une cruelle lucidité. « Et nos souvenirs du 100 mètres de Moussambani, à Sydney, en sont à jamais changés.

Ce qu'en dit la presse ...

« Quand il se fait romancier, Mahamat-Saleh Haroun donne
dans la farce. Il ose tout. Sa verve est réjouissante.
Elle ajoute à la force de la satire ».
Le Monde

Filmographie sélective

Bye Bye Africa, 1999, prix du meilleur premier film à la Mostra de Venise.
Daratt, 2006, prix spécial du jury à la Mostra de Venise.
Un homme qui crie, 2010, prix du jury au festival de Cannes.

Photo © Francesca Mantovani

WILLY VLAUTIN

Dimanche 25 septembre / 18H - Museu di Bastia
Rencontre suivi d'un concert à 19h15

Motel Life, Ballade pour Leroy, Cheyenne en automne… Les titres des romans de Willy Vlautin sonnent comme des chansons de Bruce Springsteen. L’auteur, né à Reno, Nevada, dans les années 60, raconte le quotidien des laissés pour compte du rêve américain, des marginaux qui tentent de s’offrir une vie un peu moins rude.

Steinbeck, Carver, Sam Shepard… Depuis quelques années, la presse rivalise de comparaisons flatteuses. Pas parce que Willy Vlautin imiterait, ou même s’inspirerait de ces géants de la littérature. Tout simplement parce qu’il boxe dans la même catégorie qu’eux. Pas d’artifice, pas d’effets de manche, pas de folklore attrape-gogos chez Willy Vlautin. Il va à l’essentiel, et ses romans, cruels et tendres, serrent le cœur.

Willy Vlautin est également chanteur, guitariste et parolier, au sein de Richmond Fontaine, et désormais de The Delines. Son dernier roman, Devenir Quelqu’un, s’appelle, en anglais, Don’t Skip Out on Me. C’est aussi le nom d’un de ses albums, bouleversante bande musicale du livre, où l’on suit le parcours d’un jeune homme, employé d’un ranch dans le Nevada, qui rêve de devenir boxeur mexicain…

Dimanche soir, après la rencontre, Willy Vlautin donnera un concert, guitare en main, dans les jardins du musée de Bastia à partir de 19h15.

Ce qu'en dit la presse ...

« Un uppercut en pleine gueule. Ou plutôt en plein coeur. ».
Rolling Stone

Bibliographie sélective

Motel Life,
Albin Michel, 2006.

Plein Nord
,
Albin Michel, 2010.

Devenir quelqu’un
,
Albin Michel, 2018.